Le pouvoir et ses détenteurs

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Le pouvoir et ses détenteurs
La Transylvanie nouvellement née souffrait de l’isolement géographique, de la dévalorisation de l’argent, de la pauvreté due aux dépenses militaires qui s’étaient entre-temps multipliées; autant de difficultés auxquelles l’Etat devait faire face.
De «l’autre côté», c’est-à-dire dans le royaume occidental, la noblesse renflouait ses finances en s’engageant dans la production agricole et en découvrant l’exploitation allodiale. Les grandes propriétés qui, à la fin du XVe siècle, étaient pratiquement déficitaires, devaient produire, à la fin du XVIe siècle, des gains considérables.
La Transylvanie n’était pas en état de suivre cette voie. Elle ne pouvait, en raison des distances et des difficultés de transport, vendre les céréales à l’étranger (elle en avait d’ailleurs assez peu), et ne parvenait pas non plus à écouler son vin et ses bœufs; pour cela, il aurait fallu surmonter les obstacles économiques et géographiques.
L’unique solution consistait à augmenter les bénéfices du domaine au détriment des serfs. Le recueil de lois intitulé «Tripartitum» et rédigé par István Werbőczy (1514) avait fixé le droit de propriété seigneurial sans restriction sur les terres serviles comme un objectif lointain; vers la fin du siècle, son application était devenue une réalité en Transylvanie. On y avait créé les bases juridiques de la constitution des terres allodiales dont l’exploitation entraîna l’augmentation de la corvée. Une structure de domaine seigneurial se suffisant pratiquement à ses propres besoins fut mise en place. Ce qui était nécessaire au travail et aux ménages des serfs était déjà produit par le paysan lui-même. Maintenant, c’étaient le serf-charron, le serf-tanneur, le serf-tailleur qui pourvoyaient aussi à tout le nécessaire de la maison seigneuriale. Le manque d’argent fit en quelque sorte des céréales la mesure des valeurs. Les seigneurs faisaient tout pour en amasser le maximum (toute l’activité des exploitations était orientée vers ce but), ils n’en vendaient que rarement sur le marché. Par contre, c’était le fruit des récoltes qui leur permettait de payer leurs serviteurs, soldats et employés de toutes sortes. Le seigneur achetait du vin pour sa taverne moyennant le blé et payait avec du blé les maîtres artisans et serfs non tenanciers qui travaillaient pour lui.
Nous avons vu que, parallèlement à l’institutionalisation de l’exploitation allodiale, les services en nature avaient également augmenté. Une grande concurrence se mit en place pour l’affermage de la dîme et le nombre des moulins seigneuriaux se multipliait tout comme les débits de vins, qui constituaient un privilège ancestral des nobles hongrois. Ces deux dernières «industries» rapportaient avant tout de l’argent que le seigneur aurait eu bien du mal à se procurer autrement.
Ces possibilités n’existaient cependant qu’au-dessus d’une certaine dimension des domaines car il était extrêmement difficile de séparer une partie d’un 279domaine moyen ou petit pour créer une exploitation efficace. Or, la Transylvanie ne comptait pratiquement que quelques grands domaines (Fogaras, Gyulafehérvár, Hunyad, Kolozsmonostor), et même la majorité de ceux-ci étaient passés aux mains du fisc. Par contre, dans le Partium, cette région qui avait connu un développement typiquement hongrois, il y avait d’immenses latifundia. Le domaine de Szatmár, qui était l’un des enjeux de la guerre des châteaux, assurait, en 1569-1570, 18 000 forints de revenu à son seigneur, tandis que celui de Kolozsmonostor, mentionné plus haut (ancien domaine du clergé) rapportait seulement 1 800 forints. Les quelques familles d’aristocrates qui possédaient des châteaux et domaines dans le Partium (Báthori, Balassa, Drágffy, Perényi) jouissaient, face aux Transylvains, d’un avantage financier absolu, avantage qui, dans le nouvel Etat, allait peser son poids.
Les difficultés de leur vie économique et leurs sympathies pour les Habsbourg avaient rendu les Saxons passifs en politique. La communauté sicule, dans son processus de désagrégation, avait perdu, en raison de ses luttes internes et de ses continuelles révoltes contre le gouvernement, tout pouvoir politique. Et la place de ceux qui s’écartaient ainsi de la scène publique ne fut pas occupée par de nouvelles forces: en effet, les oppida de la région de la Tisza avaient rapidement cessé de développer sans s’être assuré de droits politiques. Les bourgeois hongrois de Kolozsvár ne pouvaient remplacer à eux seuls les Ordres des villes de l’ensemble du pays.
La noblesse, qui avait stabilisé sa situation économique, restait pratiquement sans «concurrents». La Transylvanie indépendante naquit comme un pays féodal archaïque et le restera par la suite. La direction était aux mains de la noblesse et, naturellement, de ses éléments les plus riches: c’étaient les familles des grands propriétaires du Partium qui s’approchaient le plus près du pouvoir, et la plus assidue d’entre elles, la famille Báthori, finit par accaparer le trône princier. Voilà l’explication du fait que le pouvoir princier y était étonnamment puissant.
L’augmentation des revenus des grandes propriétés était devenu une nécessité en partie à cause des dépenses accrues affectées à leur propre défense mais aussi parce que cela correspondait à l’évolution du mode de vie, du goût et de la mentalité de l’époque. Si les villes saxonnes se construisaient et que Kolozsvár s’embellissait, on assistait aussi à la transformation des châteaux et des manoirs de Transylvanie. Le fort de Szamosújvár et le château d’Alvinc avaient été les premiers à être reconstruits et embellis dès l’époque du moine György. En 1543, on commence à construire le château de Farkas Bethlen à Bonyha; à partir de 1555, c’est la rénovation du beau château fortifié des Kendi à Marosvécs ainsi que celle du château d’Ebesfalva, appartenant aux Apafi. Aux environs de 1577, le capitaine Gábor Kornis effectue des travaux à Huszt, et, vers la fin des années 1570, c’est le château fort de Déva qui, grâce au capitaine Ferenc Geszty, est rénové. Le château de Keresd, propriété des Bethlen ou le manoir de Szentbenedek, propriété de Benedek Kereszturi, construits à cette époque (1593), comptent parmi les plus beaux bâtiments tous deux sont les lointains et agréables reflets du Cinquecento.
A Gyulafehérvár, c’est l’ancienne demeure épiscopale devenue palais princier qui est continuellement agrandie. A Kolozsvár, un architecte italien fait du bâtiment du collège un véritable palais Renaissance avec une cour à arcades. A Várad, à partir de la fin des années 1540, à Fogaras, à partir de 1580, débute la construction de châteaux pourvus de tours dans le goût italien de l’époque.
Une société, pratiquement coupée de l’Europe, tente de suivre, certes 280tardivement et modestement, l’exemple de l’Europe occidentale. La population chrétienne de l’Etat transylvain refuse en effet et le modèle institutionnel, et la culture orientale des Ottomans.

 

 

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