La culture et la Réforme. La tolérance religieuse

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La culture et la Réforme. La tolérance religieuse
Les vagues de la Réforme de l’Eglise déferlèrent rapidement sur l’ensemble de l’Europe et elles atteignirent, au cours des années 1520, le territoire de la Hongrie et, en premier lieu, les habitants de langue allemande des villes royales. A la cour de Marie de Habsbourg, épouse du roi Louis II, il y avait un cercle d’humanistes ouverts aux idées de Luther et, dans ce cercle, évoluaient deux personnalités clefs des luttes politiques de Transylvanie, Georg Reicherstoffer et Markus Pemfflinger.
Les thèses de Luther furent diffusées en Transylvanie par un prêtre de Brassó, Johannes Honterus, qui avait fait ses études à Vienne, Cracovie et Bâle. Cet homme d’une grande culture et à l’esprit méthodique avait ouvert, en 1538-39, à Brassó, une imprimerie (c’était la deuxième imprimerie de la province après celle de Szeben, qui fonctionnait depuis 1529) et fit paraître l’une après l’autre ses œuvres scientifiques, théologiques et géographiques. En 1542-1543 il élabore les statuts de l’Eglise luthérienne, dite «évangélique» saxonne alors en gestation. C’est en octobre 1542 que, pour la dernière fois, la messe est célebrée à Brassó selon les rites catholiques et, en 1543, la Diète de Gyulafehérvár acquitte et met en liberté les prédicateurs de Brassó comparus devant elle sous accusation d’hérésie. En avril 1544, Honterus devient le pasteur de la paroisse principale de la ville et ses premières mesures sont la réorganisation de l’école de la ville ainsi que la fondation d’une bibliothèque.
L’exemple de la plus grande ville saxonne entraîne toute l’Universitas. L’assemblée de la nation saxonne, tenue à Szeben en novembre 1545, proclame l’acceptation des enseignements luthériens tels que Honterus les a formulés. Au début de 1553, le synode des pasteurs saxons choisit son propre superintendant en la personne de Paul Wiener. Les fondements de l’Eglise luthérienne saxonne sont, dans ces années 1550, jetés pour plusieurs siècles. Cependant, cette victoire est en quelque sorte suivie d’une baisse de la production culturelle: à l’époque même où l’imprimerie de Brassó connaît une grande prospérité, celle de Szeben n’édite aucun livre en allemand ou en latin et la production saxonne la plus importante de la deuxième moitié du siècle est le livre juridique traitant des privilèges de la «nation». La sélection et la rédaction du volume sont dus à Thomas Bomer et à Mathias Fronius et le privilège princier a été obtenu par Albert Huet, juge royal de Szeben. Pour éditer cette œuvre, les imprimeries de Brassó et de Szeben firent fusion (1583), ce qui les mit toutes les deux dans une situation critique.
Le renouveau de l’Eglise saxonne fut suivi, avec quelques années de retard, par l’adaptation hongroise des enseignements de Luther. Dès 1544, à Kolozsvár, le Saxon Kaspar Helth, fervent partisan de Luther, devient pasteur de la ville: il écrit et prononce ses sermons en hongrois et prend le nom hongrois de Gáspár Heltai. A partir de 1550, une imprimerie est ouverte pour l’assister dans ses activités. Outre ses propres travaux écrits en hongrois, c’est par cette imprimerie que Heltai fait éditer les extraits d’une traduction collective de la Bible dirigée par lui. En 1554, se constitue l’Eglise séparée des luthériens hongrois de Transylvanie: le premier superintendant en est un ancien moine appelé Tamás. Cela n’était pas dû au hasard. Les premiers à proclamer la foi 281protestante en Hongrie furent, dans leur majorité, des frères franciscains, des rangs desquels étaient sortis plusieurs instigateurs de la révolte paysanne de 1514. De même qu’en son temps cette révolte avait été en grande partie un mouvement des bourgades, la Réforme recruta ses premiers adeptes hongrois. parmi les citoyens des oppida.
Les premiers prédicateurs de grande influence, bien qu’ils ne fussent connus que dans un cercle restreint (Mátyás Dévai Biró, András Szkhárosi Horváth, István Benczédi Székely, János Gálszécsi, András Batizi, tous franciscains à l’exception des deux derniers) vivaient sur la frange de territoire qui marquait la limite entre les terres des Szapolyai et celles des Habsbourg et que les deux parties se disputaient en permanence. Ce qu’ils ne purent réaliser par leurs propres moyens fut mené à bien par le pouvoir laïque. Péter Petrovics, le puissant maître du Temesköz, établit en 1549 la seconde organisation provinciale de l’Eglise luthérienne de toute la Hongrie après celle des Saxons au synode de Torony, en 1549 puis en 1550, les prêtres «réformés» de Temesvár, Arad, Makó et Szeged – devançant en cela les Saxons – èlirent un superintendant qui, comme l’indique son nom (Máté Gönci), devait être lui aussi originaire d’une bourgade (Gönc). Dans la zone septentrionale du Partium, de Ugocsa jusqu’au Szilágyság, le cousinage Perényi-Drágffy soutenait la Réforme et ce fut sous la protection de la veuve de Gáspár Drágffy, Anna Báthori, que se déroula le synode d’Erdőd du 20 septembre 1555. Les prêtres de Szabolcs, Szatmár, Szilágy et de Ugocsa y convinrent d’accepter une foi s’inspirant de Luther et èlirent en cette même occasion Demeter Tordai aux fonctions de superintendant.
Au moment même où les enseignements de Luther connaissaient leurs premiers grands succès, pointait déjà la seconde vague – helvétique – de la Réforme. Les régions sous la domination des Szapolyai furent parmi les premières à réagir. Mátyás Dévai Biró, le pasteur de Debrecen, commença, à la fin de sa vie, à discuter certaines thèses théologiques originaires de Wittenberg, tandis que son successeur, Márton Kálmáncsehi Sánta, fut démis de ses fonctions pour hérésie par le conseil de la bourgade. En 1551, Kálmáncsehi alla demander la protection de Péter Petrovics qui, à cette époque, vivait déjà à Munkács, et ce fut avec son soutien que put être tenu, en décembre 1552, le synode de Beregszász, où les pasteurs de la région adoptèrent, pour la première fois en Hongrie, la foi d’inspiration helvétique.
Le soulèvement manqué de Petrovics, déclenché en 1553 à l’est de la Tisza, ralentit pour un temps la propagation de la foi calviniste, mais celle-ci, après le tournant de 1556, fut rapidement revigorée. Kálmáncsehi fut le premier évêque de la nouvelle foi et installa son diocèse à Debrecen. Après la mort prématurée de Kálmáncsehi, ce fut un homme énergique, d’esprit organisateur, qui exerça à Debrecen avant de devenir l’évêque de toute la région à l’est de la Tisza: Péter Melius Juhász. Il fit rapidement de sa ville le centre de la Réforme: il y fit venir de Transdanubie Gál Huszár (1560), afin qu’il inaugurât la première imprimerie calviniste du pays (après celle de Várad, c’était la deuxième imprimerie de la région de la Tisza), rédigea un livre de botanique, tenta une traduction de la Bible et écrivit des disputes théologiques, des poésies et des sermons.
En 1561, Melius élabora, dès son épiscopat, sa propre version des dogmes calvinistes qui deviendra plus tard connue sous le nom de «Catéchisme de Debrecen et d’Egervölgy». En 1567, ses préceptes sont officiellement adoptés par le synode de Debrecen des pasteurs des régions de la Tisza. Ceux-ci visent à réglementer la vie dans son ensemble, depuis les dogmes jusqu’au culte de 282Dieu, sans parler de la morale individuelle et publique, allant même jusqu’à la sphère la plus intime de la vie de famille.
Le grand pasteur appelé par ses ennemis le «Pape Pierre» ne cessa de lutter sa vie durant. Dans ses harangues il invectiva contre les seigneurs égoïstes abusant de leur pouvoir et qualifia de «décret faux et impie» le Tripartitum de Werbőczy déjà consacré par l’us des tribunaux nobiliaires. Il lutta contre les catholiques encore fidèles au Pape, contre les adeptes hongrois et saxons de Luther et même contre la toute dernière vague de la Réforme, l’antitrinitarisme de Michel Servet. Il parvint finalement à arrêter les développements de la Réforme qui n’avait cessé, depuis déjà 30 ans, de faire des ramifications dans ces régions de la Tisza. Son esprit sévère demeurera présent parmi les paysans-bourgeois, les «cives» de Debrecen. Après sa mort (1572), des organisateurs, théologiens et écrivains épigones sans envergure, lui succéderont et la vie spirituelle de la région s’en trouvera altérée.
Melius sut défendre Debrecen de la horde de paysans exaltés de l’illuminé György Karácsony et réussit également à en expulser Tamás Arany et ses partisans antitrinitaires. Mais les discussions théologiques conservèrent leur vitalité dans les cercles où son pouvoir n’avait pas de prise.
A Kolozsvár, ce fut Ferenc Dávid, Saxon de naissance, comme Heltai (Franz Davidis, Franz Hertel), qui devint évêque des luthériens hongrois. La vie de Dávid, comme celle de Melius, se passa en discussions: mais son esprit, empreint de doute, le conduisait dans des crises de conscience perpétuelles. A l’issue d’une longue dispute violente face aux «sacramentaires» (calvinistes), il renonça à son titre de superintendant et se rallia lui aussi à la foi helvétique (1559). Les citoyens hongrois de Kolozsvár suivent bientôt l’exemple de leur pasteur et, en 1564, le synode de Nagyenyed des prédicateurs hongrois de Transylvanie réélit Dávid comme évêque, ce qui eut pour conséquence le passage de tout le diocèse au calvinisme.
Jean II fit de l’évêque de Kolozsvár son prédicateur officiel, et Dávid, dans l’entourage du souverain, fut confronté à un nouveau défi: la présence à la cour, en tant que médecin, de l’italien Giorgio Biandrata, grand propagateur des thèses antitrinitaires. Dávid recommence à disputer pendant des années puis, en 1568, renie lui-même la consubstantialité du Christ avec Dieu le Père. Sa ville et son souverain le suivront dans cette voie et la foi qui «renie la Sainte Trinité» sera désormais une confession reconnue en Transylvanie, ce qui attirera dans le pays les meilleurs théologiens d’avant-garde d’Europe, comme Johannes Sommer, Christian Francken, Jacobus Paleologus et Mathias Vehe-Glirius.
Kolozsvár devint un important centre spirituel où Heltai put déployer une exceptionnelle activité d’édition. L’un après l’autre furent édités des extraits de la Bible, les écrits de Dávid et, naturellement, les œuvres de Heltai lui-même parmi lesquelles les Cent fables (1564), le premier grand recueil de contes moraux, et la Chronica (1577), un des premiers ouvrages historiques de langue hongroise. Sortiront également des presses de cette imprimerie les éditions des vers du premier grand poète hongrois, Sebestyén Tinódi Lantos, ainsi que la traduction hongroise du Tripartitum. Une des premières pièces de théâtre écrite en hongrois, Válaszúti komédia (La comédie du choix), d’esprit antitrinitaire, se rattache également à l’activité de cette imprimerie.
Ainsi, à la fin des années 1560, les conditions confessionnelles de la Transylvanie offrent une image tout à fait particulière: on y dénombre jusqu’à trois cultes protestants, mais le catholicisme ne disparaît pas entièrement: les Sicules de Csík et de Háromszék ainsi qu’une partie de la noblesse du Partium 283restent fidèles à la religion de leurs ancêtres, tandis que la majorité des Roumains s’attache à la religion orthodoxe.
On notera comme une particularité transylvaine que cette région de l’Europe n’a pratiquement jamais connu de persécution religieuse. Le vieux roi Jean, resté catholique, contemplait avec une sage patience ses prêtres disputer leurs thèses religieuses. La nature plus rude du moine György le poussa – rarement – à recourir à la force, et ce fut également lui qui promulgua, en 1545, la dernière loi contre les réformes religieuses. Mais la Diète de Torda, en 1548, reconnut l’existence des luthériens et n’interdit que la poursuite des réformes. A côté des deux cultes déjà «reçus», vint se placer celui des calvinistes, puis celui des antitrinitaires. A la Diète de 1568, la liberté religieuse générale fut proclamée car «la foi est le cadeau de Dieu».* Même si, en 1570, on devra freiner légalement la trop libérale pensée théologique, cette curiosité européenne devient un fait: il existe un pays où cohabitent plus ou moins pacifiquement quatre cultes reconnus, et où un cinquième est toléré.
EOE II.343.
L’explication est tout d’abord à chercher dans la division en Ordres très marquée de la société. La religion luthérienne avait trouvé chez les Saxons une base disposant de droits autonomes; la noblesse hongroise qui, du fait de la désintégration du pays, était en crise d’idéaux, devint d’abord elle aussi luthérienne, puis calviniste; quant à l’antitrinitarisme, il sera la confession des Hongrois citadins de Transylvanie (Kolozsvár).
Le choix du culte fut finalement déterminé par des facteurs à la fois spirituels et politiques. Les Saxons de Transylvanie avaient réagi à la nouvelle situation en acceptant un culte venu d’Allemagne. Péter Petrovics, farouche adversaire des Habsbourg, avait par deux fois porté un secours décisif à la Réforme hongroise avec des motivations éminemment politiques. Les antitrinitaires devaient leur survie à l’âme tourmentée de Jean II qui était simultanément en quête de sa propre identité et de celle de son pays et devait ainsi trouver le moyen d’exprimer son appartenance au monde chrétien en même temps que ses distances par rapport à lui. L’exemple des Sicules en lutte contre la crise pourrait éclaircir le phénomène: certains d’entre eux s’accrochaient au catholicisme, de toute évidence en y cherchant la légitimation de leurs privilèges en train de s’amenuiser, d’autres se hâtaient d’essayer les différentes formes de la Réforme jusqu’à l’antitrinitarisme et même jusqu’à ses extrémités sabatariennes. Il semble que la détérioration de l’économie de certaines régions aurait influencé le développement de la Réforme: Kolozsvár et sa vie spirituelle pétillante se trouvaient en contradiction flagrante avec la Réforme des Saxons, qui se figeait dans un luthéranisme canonique.
Mais comment était-il possible qu’avec le pouvoir presque illimité du souverain de Transylvanie, les Ordres et même les autres groupes sociaux disposassent d’une aussi grande liberté en matière de religion? L’explication réside vraisemblablement dans la situation exceptionnelle qui était celle du pays: dans un Etat qui s’était constitué malgré lui et à l’avenir incertain, la religion de ses vassaux était, pour le souverain au pouvoir, une question secondaire.
Les rapports entre pouvoir et religion se manifestaient avec une assez grande clarté dans la politique religieuse d’Etienne Báthori. Ferenc Dávid, qui avait toujours l’esprit agité, franchit, dans les années 1570, un nouveau pas dans sa critique de la Bible: il niait la nécessité d’adorer le Christ. Le voïvode Kristóf Báthori voulait éviter toute intervention par la force, raison pour 284laquelle il invita en Transylvanie le célèbre philosophe antitrinitaire Fausto Sozzini, afin qu’il convainquît l’évêque du caractère erroné de ses affirmations. Constatant l’échec de Sozzini, le voïvode fit finalement emprisonner Dávid (en utilisant de fausses accusations) et celui-ci mourut au château de Déva en novembre 1579. Le camp antitrinitaire se divisa bientôt en plusieurs branches: l’aile modérée, dirigée par Biandrata, devint l’Eglise unitarienne, tandis que les radicaux qui, sous l’influence d’un disciple de Dávid, Mathias Vehe-Glirius, reniaient le Nouveau Testament, constituèrent la secte des sabatariens.
Entre-temps, Etienne Báthori entreprit de sérieux efforts visant à sauver le catholicisme moribond. En 1579, il obligea la Diète transylvaine à donner aux jésuites l’autorisation de venir s’installer dans le pays. Ceux-ci réussirent à ouvrir une école de niveau universitaire à Kolozsvár et des écoles primaires dans plusieurs communes. Les Ordres majoritairement protestants considéraient avec une haine non dissimulée les pères d’abord polonais et italiens, puis hongrois de la Compagnie de Jésus, notamment parce que leurs propres fils les fréquentaient volontiers. Báthori ne fit qu’une seule concession: il n’autorisa pas l’Eglise catholique, dont la situation était, en 1556, gravement préoccupante, à se réorganiser: Gyulafehérvár n’aura son évêque de nouveau que sous le prince Sigismond Báthori. Le prince-roi Etienne Báthori intervint également dans la campagne, menée par les Hongrois et les Saxons en vue de convertir les Roumains orthodoxes, et son intervention s’avéra d’une très grande importance. En 1544, Filip Moldoveanul édita, en roumain, à l’imprimerie de Szeben, des catéchismes et d’autres livres religieux marqués par l’esprit de la Réforme. Vers la fin des années 1550, un diacre du nom de Coresi reprit ce travail à Brassó. A la fin des années 1560, se crée, dans la région de Hátszeg, l’Eglise réformée roumaine de Transylvanie. Báthori, sans recourir à la force mais en soutenant l’Eglise orthodoxe roumaine, met un terme à ses progrès. En la personne d’un prêtre nommé Ghenadie, il lui donne en 1574 un évêque. Grâce à la continuelle immigration des Roumains, l’Eglise orthodoxe augmente le nombre de ses fidèles et réussit à isoler la Réforme roumaine, mais supprime du même coup la chance pour les Roumains d’obtenir, par l’intermédiaire de leur Eglise réformée, des droits dans le système des Ordres. Cependant, les orthodoxes, malgré leurs évêques, ne parviennent pas à se hisser au rang d’une religion «reçue».
L’effervescence spirituelle de la Réforme et de la Contre-Réforme naissante n’est pas seulement un reflet de l’ouverture des esprits, mais exerce aussi sur ceux-ci un effet stimulant. Plusieurs dizaines de milliers de livres imprimés dans le pays et à l’étranger passent jusqu’à la fin du XVIe siècle entre les mains des lecteurs. En tout premier lieu des travaux théologiques (Melanchthon est l’auteur le plus lu), suivis des auteurs de l’Antiquité et des humanistes contemporains: avant tout Aristote, Erasure, Boccace, Ramus (Pierre La Ramée) et juste Lipse.
Les belles-lettres font elles aussi leur apparition. Cette période est marquée également par la diffusion en Transylvanie, de la mode des «belles histoires». Le domaine le plus caractéristique de la vie intellectuelle transylvaine reste cependant l’historiographie. Le Transylvain Miklós Oláh, ainsi que György Szerémi et Antal Verancsics qui avaient vécu un moment à la cour de Szapolyai, devinrent d’éminents mémorialistes de la Hongrie des Habsbourg. L’évêque Ferenc Forgách qui, lui, avait fui la cour de Ferdinand pour s’installer à celle de Transylvanie, y fit la chronique des années 1540-1570. C’est à l’autre chancelier, Farkas Kovacsóczy, que l’on doit la première œuvre hongroise 285traitant de la théorie de l’Etat. Pál Gyulai, le précepteur du jeune Sigismond Báthori, fut le chroniqueur de la campagne de Russie de 1579-1581 menée par le roi Etienne. Le plus grand de tous était István Szamosközi, cet historiographe qui excellait par sa méthode scientifique et son objectivité. Il y avait également l’historien «officiel» Gian Michele Bruto invité ici d’Italie, puis son successeur en titre, János Baranyai Decsi Czimor.
La langue officielle des chroniqueurs de la cour était le latin avec l’espoir d’intéresser ainsi les lecteurs étrangers, alors que la littérature, qui s’épanouit justement à cette époque, s’écrivait en hongrois tout comme les lois à partir de 1565, ce qui fit du hongrois la langue officielle de l’administration.
La vie culturelle de la Transylvanie n’a pas coupé ses liens européens. La Réforme elle-même fut introduite par de jeunes Hongrois qui avaient fréquenté des universités occidentales: ce n’était pas le seul Honterus qui avait fait des études dans les écoles allemandes et suisses, mais il en fut de même pour toute une génération de prédicateurs saxons et hongrois. Abandonnant Vienne et Cracovie, qui continuaient à rester catholiques, on partait désormais pour Wittenberg ou Bâle. Pour pouvoir y accéder, il était nécessaire de s’être procuré une solide formation de base. C’est dans ce but qu’Honterus, en 1543, fonda le «Studium Coronense a et que furent ouvertes, les unes après les autres, avec l’aide des souverains, les écoles protestantes de degré moyen de Kolozsvár, Marosvásárhely, Gyulafehérvár, Nagyenyed et Székelyudvarhely.
Si, en acceptant la Réforme et en favorisant le développement de la littérature hongroise, la Principauté a donné des signes indubitables de sa maturité spirituelle, on y découvre aussi les séquelles du retard: par exemple, dans l’adoption tardive du mode de vie Renaissance. En vain les grands (le moine György, entre autres) tentèrent-ils de faire construire ou de transformer leurs châteaux selon la nouvelle mode italienne, l’esprit médiéval continuait à habiter ces nouveaux murs. Il est vrai que l’atmosphère puritaine de la Réforme ne favorisait pas le style de vie qui exaltait les joies de vie et dont les propagateurs étaient surtout des Italiens catholiques parmi les courtisans d’abord de la reine Isabelle puis de Jean II. Le grand changement fut opéré par Sigismond Báthori qui clamait haut et fort son catholicisme: sa cour était remplie de musiciens, artistes, serviteurs italiens. Grâce au musicien Gianbattista Mosto et au capitaine des gardes Gianandrea Gromo, ses relations s’étendirent jusqu’à Girolamo Diruta et même Palestrina. Cependant, la société transylvaine portait un regard réprobateur sur le faste Renaissance de la cour princière. Le noble moyen ou le simple citadin éprouvaient une nette aversion à son égard. En ce qui concerne la culture des couches plus simples de la population, le Moyen Age y dure jusqu’au début du XVIIe siècle car, même là où la vie spirituelle put s’épanouir, par exemple dans les «bourgades», la lutte entre la Renaissance et la Réforme se termine par la victoire de l’esprit puritain de cette dernière.

 

 

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