La désagrégation de la communauté sicule

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La désagrégation de la communauté sicule
La société sicule – malgré le processus de décomposition du régime égalitaire primitif – conserva, au début du XVIe siècle, son ancien système juridique. Etaient encore en vigueur le système de communauté des terres du village, la participation commune aux guerres, l’«héritage sicule» qui revenait à la communauté en cas d’extinction, sans oublier le principal: l’autonomie. La perception extrêmement rare de l’impôt du «bœuf marqué» ne modifiait en rien le principe de l’immunité fiscale, car on le considérait comme un cadeau. La division de la société en primores, «lófő» (primipili) et communs, avec prédominance des premiers, était largement équilibrée par les corps de jurés 276et par l’institution de l’assemblée des Sicules. Mais la poussée démographique et le manque de terres faisait grossir les rangs des Sicules pauvres qui entraient au service des familles plus aisées. Cette soumission, volontaire au début du XVIe siècle, se mua en une sorte de servitude: les riches «soutiraient de l’argent», c’est-à-dire qu’ils exigeaient des redevances semblables à celles dues aux seigneurs. Plusieurs chefs sicules obtinrent des titres de noblesse ainsi que des domaines dans les comitats royaux: la génération suivante tenta de transformer en domaines féodaux l’héritage sicule et même la terre des Sicules qui avaient accepté de servir.
Les années qui suivirent Mohács virent la consolidation de cette pratique qui n’avait pas de base juridique. La Terre sicule constituait désormais une partie importante du Royaume de Hongrie orientale et les guerres incessantes exigeaient l’utilisation croissante des forces sicules. Sous le roi Jean, son administration, qui manquait d’argent, leva des impôts exceptionnels auprès des communautés sicules; par la suite, le moine György justifia cette levée par l’impôt turc.
Ce fut l’évidence du danger qui poussa les Sicules, en général vindicatifs, à accepter sans résistance que leurs droits ancestraux fussent lésés. En vertu des lois de 1554, les primores et les «lófő» furent exemptés d’impôts à la manière des nobles – il est vrai que l’exemption fut étendue à leurs serviteurs qui constituaient la couche de Sicules la plus pauvre. Par contre, tout Sicule commun resté libre était soumis à l’impôt: cela signifiait pour eux, dans la pratique, une double charge à assumer (service militaire et impôt). La reine Isabelle, après son retour de 1556, pouvait s’attendre à de longues guerres aussi les diètes réunies dans les années suivantes votèrent-elles, l’une après l’autre, charges fiscales et service militaire obligatoire pour les Sicules. On fit, pendant un certain temps, alterner l’imposition globale de la «nation sicule» avec l’imposition fixée par porta.
Entre-temps – en 1557 –, la Diète vota une loi selon laquelle si deux des trois «nations» donnaient leur accord pour une nouvelle réglementation, celle-ci devenait obligatoire pour la troisième.
La liberté des Sicules communs se limitait en fin de compte à leur participation aux «assises» et à la possibilité pour ceux qui ne s’étaient pas encore engagés au service d’autrui, d’échapper à l’asujettissement féodal avec ses charges. Cependant, à partir de 1559, les officiels élus (capitaine et juge de siège) furent placés sous les ordres des «juges du roi» nommés par le souverain.
Ces lois ne faisaient en définitive que consacrer des modifications progressivement entrées dans la société des Sicules au cours des cinquante dernières années. Ainsi, les «innovations» nécessaires (en réalité: féodales) furent dotées d’une couverture juridique (féodalisation) et l’Etat reçut ce dont il avait besoin, en échange de quoi les Sicules purent conserver leur liberté personnelle.
Il est néanmoins naturel que les communs soumis à une double obligation aient protesté; leur colère se dirigea partiellement contre la couche dirigeante privilégiée. Cependant, la lenteur des modifications avait retardé l’explosion du mécontentement jusqu’à ce que des facteurs extérieurs ne fussent intervenus.
En décembre 1561, Menyhért Balassa passa du côté des Habsbourg. On avait soigneusement préparé la spectaculaire trahison, notamment en prenant des contacts avec les Sicules. Ayant reçu la promesse que les «anciennes libertés» leur seraient rendues, les Sicules, échauffés, prirent les armes au 277printemps de 1562. Trop tard: Jean II, à la suite de sa défaite à Hadad, avait entre-temps signé la paix avec les partisans de Ferdinand Ier. Les Sicules furent oubliés du traité et les troupes du souverain décimèrent une partie de l’armée des insurgés près de Görgény et de Nyárád, ce qui eut pour conséquence que le reste de l’armée qui stationnait près du village de Holdvilàg, se dispersa d’elle-même. Plusieurs chefs insurgés furent empalés, d’autres eurent les mains, le nez ou les oreilles coupés.
A l’occasion de la Diète de Segesvár du 20 juin 1562, le roi Jean II tenta de proposer une solution au problème sicule qui s’était visiblement aggravé. Il prit tout d’abord des sanctions: en faisant supprimer la cour d’appel élue d’Udvarhely et excluant des tribunaux sicules les jurés élus parmi les communs. Il fit abolir les titres de capitaine et de juge sicules et leur charge fut remise au juge du roi. L’extraction et la vente du sel devinrent monopole d’Etat et il décréta que les Sicules traîtres au royaume perdraient leurs biens qui deviendraient propriété du roi et seraient donc retirés de la propriété commune des Sicules. Enfin, le droit d’élever quelqu’un au rang de primor ou de «lófő» revint au souverain.
Cependant, la mesure qui eut les conséquences les plus graves – non encore entérinée par la loi mais déjà mise en pratique – fut celle qui supprima l’obligation du service armé des Sicules communs, ce qui anéantissait la base juridique du principe de la liberté sicule.
Il y eut aussi des mesures favorables: en 1562, les Sicules libres devinrent un peuple serviteur du souverain, sans obligation de service militaire, exempts des charges féodales dues aux seigneurs. A l’origine, Jean II avait peut-être pris cette décision afin d’empêcher leur dégradation en serfs. Mais, quatre ans plus tard, en 1566, il abandonna ces précautions et céda par centaines les Sicules communs aux seigneurs, aux primores et «lófő» qui les traitèrent en tant que serfs et exigèrent d’eux la corvée.
Le déséquilibre que provoqua, dans l’organisation militaire transylvaine, l’éviction des Sicules communs fut rapidement compensé par leur enrôlement dans «l’armée de la glèbe» qui fonctionnait selon le principe des obligations proportionnelles par manse. Les mousquetaires ou trabants sicules y étaient appelés, en référence de la couleur de leur uniforme, «trabants rouges». Dans cette armée, le seul avantage des Sicules était que, sur la foi de leur expérience et de leurs traditions, ils étaient considérés comme meilleurs soldats que la majorité des serfs.
Sans ces dispositions, le processus de féodalisation en cours se serait sans aucun doute prolongé plus longtemps et aurait été la source de nouvelles perturbations. En effet, la liberté traditionnelle des Sicules non seulement n’était pas adaptée au système féodal, mais – comme instrument de manœuvres politiques – constituait une force centrifuge qui menaçait sérieusement l’intégrité du nouvel Etat.
Il était naturellement clair, aux yeux de tous, que les lois séculaires ne pouvaient pas être abrogées d’un seul trait de plume. Jean II avait fait construire deux châteaux forts destinés à surveiller les Sicules, toujours prêts à la révolte: Székelytámad («Le Sicule attaque») en Udvarhely et Székelybánja («Le Sicule regrette») en Háromszék. Au moment où István Báthori monta sur le trône, l’espoir de récupérer les libertés connut un regain de vitalité, d’autant plus que les notables sicules étaient eux aussi mécontents de la perte de leurs offices et du fait que plusieurs nobles hongrois s’étaient vu attribuer des terres sur leur territoire. Certains Sicules communs prirent les armes, en septembre 1571, mais furent bientôt réprimés par une force supérieure. Les 278Sicules, mécontents, se rallièrent ensuite à Gáspár Bekes: en 1575, au moment où celui-ci commença sa campagne militaire, la Terre sicule se souleva de nouveau. La bataille de Kerelőszentpàl et les représailles qui la suivirent eurent finalement raison du feu de la rébellion pour plus d’un quart de siècle.
La transformation, sous la pression du pouvoir d’Etat, de la société sicule touchait à sa fin. Mais le souvenir des libertés sicules ne s’éteignit pas, ce qui laissait prévoir, pour l’avenir, de nouvelles difficultés.

 

 

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