Civilisation matérielle et mentalités

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Civilisation matérielle et mentalités
Les cadres de la vie matérielle constituaient, dans leur ensemble, un mélange singulier de tradition et de modernité.
Le goût pour la construction reste vigoureux pendant tout notre demisiècle: les habitants de Kolozsvár rebâtissent rapidement les 1800 maisons ravagées par le feu en 1655, ceux de Brassó se voient obligés, après les incendies des années 1680, de reconstruire pratiquement toute leur ville. Le Collège réformé de Kolozsvár – le plus grand établissement scolaire où l’on nourrit et loge les élèves – est conçu d’après les plans de l’architecte italien Agostino Serra. L’aristocratie fait elle aussi preuve d’ambitions dans ce domaine: on voit s’élever, entre 1666 et 1679, le château des Teleki à Sorostély, le château des Bethlen à Bethlenszentmiklós, et l’on assiste à la réfection de bien d’autres demeures aristocratiques (dont celle de Keresd) et de manoirs (Bethlen, Uzdiszentpéter, Bonyha). L’architecture ecclésiastique recourt comme matière surtout au bois, la cage de clocher monumentale de Magyarsáros date de 1699. La région de Fogarasföld est parsemée de nouvelles églises orthodoxes.
La haute et la moyenne noblesses habitent des châteaux et manoirs situés au milieu de bâtiments divers entourés de clôtures. Ces demeures comprennent au moins quatre, mais le plus souvent huit à dix pièces, voire davantage, et à l’étage elles sont pourvues de balcons en bois. L’étage qui sert de logis est divisé en appartements des hommes et des femmes. Les salles communes – la salle à manger et la «salle d’audience» – ont le plus souvent des fenêtres garnies de cristal, alors que les autres pièces et les dépendances ont des fenêtres à simples plaques de verre rondes ou carrées, ou ne sont même pas vitrées, avec des battants de bois. Les vitrages en chassis de plomb, les toits de tuiles, les cheminées et poêles chauffés de l’extérieur se généralisent également dans les palais urbains et les maisons bourgeoises. Le goût du confort se répand dans les demeures familiales de toutes les couches de la société. Le mobilier est peint ou verni, parfois orné d’incrustations. Originaires des Pays-Bas, les meubles à coquilles parviennent, à travers la Pologne, dans les maisons aristocratiques. Pour les maisons paysannes que nous avons déjà décrites plus haut, signalons encore l’apparition des bancs à dossier articulé. Les murs des châteaux de grands seigneurs sont couverts de tapisseries vénitiennes, hollandaises, françaises et espagnoles qui représentent des scènes bibliques et mythologiques. Même les demeures moins fastueuses sont souvent décorées de tentures en couleur. Les tapis turcs abondent partout, en particulier les tapis dits «transylvains».
389Pour ce qui est de l’éclairage, les chandeliers de fer et de cuivre réunissent des vertus esthétiques et fonctionnelles. Les lampes en verres commencent à être à la mode. Les coupes, gobelets et couverts d’or et d’argent des aristocrates cèdent peu à peu la place à la vaisselle de porcelaine ou en bois et aux verres; en outre, la poterie et la céramique transylvaines ne s’adressent plus à la seule clientèle paysanne. Les récipients d’étain vernissés figurent eux aussi parmi les accessoires de la vie quotidienne. Les bocaux et les briques de faïence se retrouvent surtout chez les gens de condition. Les inventaires de décès – qui nous sont parvenus en grand nombre de cette période – témoignent des progrès remarquables de l’hygiène: les baignoires d’adultes et d’enfants en cuivre et en bois, les cuvettes d’argent, de cuivre et de faïence ou les serviettes de toilettes tendent à se généraliser dans les milieux aisés. Les artisans de Brassó qui construisent des conduites d’eau jouissent d’une grande réputation, de même que les vendeurs d’eau acidulée de la Terre siccle. En effet, la Transylvanie est riche en sources thermales: ses bains sulfureux, carbogazeux, saumâtres et thermaux qui remontent à de longues traditions sont fréquentés non seulement par ceux qui veulent y faire des cures, mais aussi par la bonne société désireuse de se distraire, voire par les personnalités de la scène politique. La culture balnéaire en ville a de longues traditions.
Quant à l’habillement, remarquons tout d’abord que, pour couper des dolmans et des manteaux hongrois, les tailleurs utilisent à la fois des draps anglais et des velours turcs extrêmement chers, et des draps bon marché de Brassó ou – plus tard – des Balkans. Les vêtements transylvains de la seconde moitié du XVIIe siècle témoignent de l’influence des coutumes vestimentaires turques, polonaises et autrichiennes. Les modes italienne, française et allemande trouvent elles aussi de nombreux adeptes. L’habillement continue à exprimer la condition, le rang social, la fonction et, surtout, l’appartenance ethnique. Aristocrates et roturiers font volontiers étalage de parures. Les bijoux en pierres précieuses des riches Saxonnes sont très enviés, non moins que les parures d’étain, de fer blanc ou de verre des paysannes saxonnes. Même les fermières roumaines pauvres possèdent au moins quelques parures de verre et chaînes d’argent. Aristocrates ou petits nobles, les hommes se parent obligatoirement de sabretaches cousues d’or et brodées de perles, d’armes ornées de pierres précieuses et de toques munies de cimiers en or, en argent ou en cuivre où l’on attache les plumets indiquant les grades militaires.
Une piété profonde et une vie familiale très intime sont le propre des Transylvains de tout rang social. Ils gèrent avec une économie sévère leurs biens terrestres. Les testaments révèlent qu’ils s’efforcent de garder même pour l’avenir lointain leurs relations sociales et leur bonne réputation. Leur hospitalité est, pour ainsi dire, artistiquement cérémonieuse. Les droits de l’hôte reçu sont inviolables. Selon les recherches les plus récentes, la conscience collective de la société transylvaine et ses sentiments nationaux avaient les mêmes caractéristiques que ceux des autres pays de l’Est de l’Europe Centrale d’une part, mais d’autre part, ils étaient marqués par les conditions spécifiques: la coexistence de trois ethnies et de cinq religions. Sous le régime féodal des trois «nations» remontant à plus de deux siècles et demi, les aristocrates, les nobles, les comitats et les «sièges» sicules témoignaient d’un fort sentiment national hongrois et les Saxons d’une non moins forte conscience saxonne. Mais ces cadres profondément féodaux étaient déjà entamés – et de deux directions même –, par des idées qui annonçaient l’avenir d’une part, le cartésianisme, le puritanisme et le piétisme qui placèrent au premier rang des valeurs collectives la culture, la science, l’assistance des 390démunis, le soin de la langue maternelle et contribuèrent de ce fait à la naissance d’une conscience nationale au sens bourgeois – ces idées exerçant leur effet surtout parmi les couches moyennes, les marchands, les hommes d’armes. D’autre part, la présence d’univers de mythologies populaires et de cultures traditionnelles différents, ainsi que les particularités ethniques, exprimées aussi par l’habillement, soulignaient la réalité d’une coexistence qu’on acceptait avec tolérance et compréhension. Dans le même temps, les expériences historiques faites en commun ont révélé la nécessité de la coopération. Tout en se réclamant de leurs traditions, les Saxons s’identifièrent pleinement à l’Etat d’Apafi; Rákóczi s’adresse aussi à la nation saxonne et à la nation valaque, et les Roumains ne manquaient pas de se reconnaître dans les buts du Prince. La politique religieuse tolérante ouvrit la voie à la culture en langue maternelle et favorisait ainsi le développement des futures nations modernes. La Transylvanie avait encore, à cette époque, d’assez bonnes chances de devenir une deuxième Suisse de cette région orientale de l’Europe centrale.
L’époque commençait à avoir une conscience très aiguë du prix du temps, en particulier parmi la population urbaine. Indispensables dans les demeures d’aristocrates et d’intellectuels, les premières horloges apparaissent également au-dessus des porches des maisons de notables ainsi que sur les places de marché. L’oisiveté est un crime: le temps gaspillé est une perte irrémédiable. L’idée du «temps des marchands» et du temps historique se propage également en Transylvanie où les esprits les plus cultivés saisissent déjà la notion de relativité du temps. Les mentalités sont dans une large mesure façonnées par les almanachs qui reflètent d’ailleurs les divisions confessionnelles de la société transylvaine et indiquent également la computation d’avant la réforme du calendrier.
Déterminé par les conditions naturelles, climatiques et historiques, le legs d’expérience commune des populations hongroise, saxonne, roumaine est transmis de génération en génération par les traditions et les contes populaires. Le rythme de vie propre aux sociétés agricoles européennes est ponctué de fêtes religieuses et, conformément aux habitudes des communautés de mineurs, des montagnards ou des habitants des vallées, varie légèrement d’un endroit à l’autre. Une horticulture fort développée fournit, en dehors des substances médicamenteuses, des décors symboliques pour les fêtes publiques et familiales, tandis que pour les notables, elle offre des cadres de délassement près des ruisseaux, ponts et étangs de leurs jardins.
Les carrosses (en particulier les carrosses à vitres), les destriers, les armes de qualité et surtout les horloges sont par excellence les signes extérieurs de l’aisance. Les inventaires de décès font déjà état d’un nombre croissant d’a horloges anglaises» indiquant l’heure par des constellations d’étoiles, des scènes de combat ou des figurines dansantes, que leurs propriétaires montrent avec fierté à leurs visiteurs.

 

 

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