Retour à la Couronne de Hongrie. La Principauté dans l’Empire des Habsbourg

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Retour à la Couronne de Hongrie. La Principauté dans l’Empire des Habsbourg
Comme la Diète de Pozsony de 1687 avait modifié la constitution en faisant de la Hongrie un royaume héréditaire, la cour de Vienne confia, au début de 1688, au général Caraffa, nommé gouverneur militaire de la Transylvanie, la tâche de régler, dans les conditions nouvelles, les rapports entre la Principauté et le Royaume.
En vertu du compromis conclu entre les Ordres de Hongrie et les Habsbourg, les premiers renonçaient à leur droit traditionnel d’élire librement leur roi, moyennant quoi l’Empereur leur reconnaissait le droit de créer leurs propres institutions dans le pays repris sur les Turcs. Or, Caraffa recourut à la terreur militaire pour forcer les hommes politiques transylvains à signer un document renonçant à toute autonomie du pays. Aux termes de la Déclaration de Fogaras, les Ordres de Transylvanie plaçaient leur principauté sous l’autorité conjointe de l’Empereur Léopold et du petit roi héritier de 9 ans, Joseph Ier, accueillaient des garnisons impériales dans leurs places fortes et versaient à Vienne un impôt annuel de 700 000 écus. Le rescrit impérial répondant aux plaintes faisait référence au traité de 1686 et à l’accord de Balázsfalva et se contentait de promettre – sans garantie aucune – la liberté du culte religieux ainsi que la suspension de l’arbitraire militaire. Plusieurs villes (dont Nagybánya, Beszterce et Brassó), afin de protester contre la Déclaration de Fogaras, entrèrent en rébellion armée, mais elles finirent soit par se soumettre soit par se faire massacrer par les Impériaux, numériquement très supérieurs, tels les habitants de Brassó qui installèrent des canons sur les murs de la ville, sous la conduite de l’orfèvre Gaspard Kreutz. Le gouvernement et les Ordres de Transylvanie n’avaient plus que l’ombre du pouvoir dans la Principauté, où régnait, en maître absolu, un gouverneur militaire qui, pour percevoir les impôts, faisait appel à la force armée.
Terrassé par une grave maladie pendant la dernière année de son long règne, le Prince Apafi, amateur passionné des montres, rendit l’âme au «Grand Horloger» le 15 avril 1690. La Porte ne tarda pas à délivrer l’athnamé du nouveau Prince, au nom d’Imre Thököly.
Thököly avait eu beau se libérer de la captivité des Turcs, il s’était vu définitivement coupé de la Sainte Ligue: aussi avait-il dû rejoindre le camp ottoman. D’abord, il conclut une alliance avec le voïvode de Valachie, Constantin Brîncoveanu (1689), puis la modification des rapports de force en Europe lui fit miroiter la possibilité d’accéder au trône de Transylvanie.
La prise de Belgrade (1688) et l’occupation consécutive d’une partie de la Valachie avaient accru la puissance des Habsbourg au point que la France et la Pologne craignaient une rupture de l’équilibre européen. Aussi tentèrentelles d’arrêter les progrès des Impériaux. Louis XIV, qui fit envahir par ses 357troupes les principautés allemandes, et Jean Sobieski, qui venait de reprendre sur les Turcs le château de Kameniec au prix d’un siège long et sanglant, voyaient en Transylvanie une alliée susceptible de mettre en échec les ambitions démesurées des Habsbourg. Or, tandis que le roi de France se déclarait prêt à aider matériellement Thököly à occuper le trône de Transylvanie, Jean Sobieski se montrait encore méfiant à l’égard de celui-ci, et cela malgré le fait que la Porte s’apprêtait à lui demander la paix.
La contre-offensive turque modifia provisoirement la situation de la Principauté. Traversant les hautes montagnes par des chemins pour ainsi dire impraticables, Thököly surgit en Transylvanie, avec son armée de 6 000 hommes, le 21 août 1690, et anéantit par surprise les troupes impériales. Mihály Teleki, le très influent conseiller d’autrefois d’Apafi, trouva la mort sur le champ de bataille de Zernyest. Thököly fut élu Prince par la Diète réunie à Kereszténysziget. En cette qualité, il confirma la constitution, en particulier la liberté des quatre religions reçues, puis la libera vox (la libre élection du prince) et les privilèges des trois «nations». Dans le même temps, il fit savoir à l’Empereur Léopold qu’il était prêt à adhérer à la Sainte Ligue, pour lutter contre l’Infidèle, à condition que l’Empereur le reconnût officiellement souverain légitime de Transylvanie, qu’il lui accordât le titre de prince de l’Empire et que cet accord fût garanti par la République de Venise et la Pologne.
Entre-temps, l’armée du Grand vizir Mustapha Köprülü, forte de 60 000 hommes, reprit la ville de Belgrade le 8 octobre 1690. Le siège ne dura qu’une semaine. Le général Louis de Bade, commandant en chef des troupes impériales, considérant que l’importance stratégique de la Transylvanie était supérieure à celle de Belgrade, abandonna la défense de la porte des Balkans pour livrer bataille à Thököly. Après la défaite de ses lieutenants, le Prince de Transylvanie quitta, le 25 octobre, avec le reste de ses troupes, le pays par le défilé de Bodza, pour n’y jamais revenir.
Le conseiller Miklós Bethlen sut tirer parti du trouble que la contre-offensive turque, l’avènement de Thököly en Transylvanie et la chute de Belgrade suscitaient à Vienne. Il présenta à l’Empereur un projet de diplôme susceptible d’assurer l’autonomie intérieure de la Transylvanie dans les conditions politiques données. Après plusieurs années d’administration militaire, le Diploma Leopoldinum, promulgué en 1690, garantissait, en dehors de la souveraineté de l’administration civile, la liberté du culte aussi bien que l’autonomie économique et culturelle. A la Diète de Fogaras de 1691, les Ordres de Transylvanie élirent un gouverneur pour la minorité de Michel II Apafi, en la personne de György Bánffy, dont le père, Dénes Bánffy, avait été exécuté pour trahison. Malgré les dissensions qui surgissaient périodiquement en son sein, l’équipe gouvernementale constituée par le chancelier Miklós Bethlen, le général suprême Gergely Bethlen et le grand trésorier János Haller orienta avec une grande prudence la politique transylvaine vers l’alliance anglaise et hollandaise. Poussé par Miklós Bethlen, le jeune Michel II Apafi signa, en 1690, une déclaration aux termes de laquelle il se mettait sous la tutelle de l’électeur de Brandebourg et du roi d’Angleterre Guillaume d’Orange. Dans la situation donnée, cette démarche semblait la marque du réalisme politique, d’autant que même la victoire de Szalánkemén, arrachée au prix d’énormes pertes, ne put enrayer l’avance turque. Les Impériaux venaient de subir de lourdes défaites en Europe, tandis que les puissances maritimes – l’Angleterre et les Provinces Unies liées par alliance à l’Empereur dans la guerre pour le Palatinat – souhaitaient mettre, aussi vite que possible, un terme à la guerre 358turque qui leur paraissait maintenant un pur gaspillage de forces. Conformément aux vœux des marchands protestants anglais et hollandais, les libertés transylvaines occupaient une place très importante dans les projets de traité de paix. Offrant leur médiation aux Turcs et aux Habsbourg, les Anglais et les Hollandais proposèrent, en 1691, le maintien de l’autonomie transylvaine. L’Empereur Léopold approuva lui aussi la proposition de paix envoyée à la Porte par l’entremise du diplomate anglais Sir William Hussey, en vertu de laquelle la Transylvanie resterait un Etat autonome et Michel II Apafi gouvernerait la Principauté sous la double tutelle du Sultan et de l’Empereur, mais sous le contrôle et la garantie d’autres puissances étrangères. Lord William Pages invoqua par la suite le rôle politique que la Principauté avait joué par le passé et insista pour que le traité de paix garantît également la sécurité de la Principauté autonome. Le Grand vizir finit par accepter la proposition anglo-hollandaise et on alla plus tard jusqu’à stipuler que la Transylvanie devait être remise «dans son état antérieur».
A la cour de Vienne, les avis étaient d’abord partagés, puis l’emportèrent, face aux modérés, ceux qui voyaient dans l’autonomie transylvaine assise sur des garanties anglaises et hollandaises, un immense danger pour l’avenir de la dynastie: aussi s’employa-t-on, dès 1692, à prendre de vitesse les diplomates qui préparaient l’ouverture des négociations de paix, en consolidant l’autorité du gouvernement des Habsbourg en Transylvanie. Celui-ci fit reprendre Várad (1692) après un blocus coûteux, emprisonner Michel II Apafi à Vienne sous un prétexte fallacieux, réoccuper la Transylvanie avec 8 000 soldats (1695) et la placer sous le gouvernement du général Bussy de Rabutin (1696).
Au cours des décennies précédentes, la proportion relative des confessions s’était visiblement modifiée dans la Principauté. L’Eglise catholique avait repris de force, et les riches aristocrates catholiques qui jouaient un rôle toujours plus grand dans la politique du pays, assistaient de dons généreux les paroisses et les écoles, de même que les jésuites ayant déjà surgi dans le pays. Au début de 1690, le Status Catholicus présidé par István Apor parvint à un compromis avec l’Eglise réformée sur le problème litigeux des domaines ecclésiastiques. L’évêque András Illyés, chef de l’Eglise catholique transylvaine, déclara dans un mémoire envoyé à Rome qu’il entendait réorganiser l’épiscopat transylvain conformément à l’universalité catholique, en toute fidélité aux traditions de l’histoire nationale et aux formes ancestrales du Royaume de Hongrie, mais tenant compte aussi des intérêts de la Principauté. Quant à l’évêque de l’Eglise orthodoxe de Transylvanie, il fut nommé invariablement par le métropolite de Valachie, mais confirmé par le Prince de Transylvanie. Son chef étant invité à siéger à la Diète, ses prêtres exempts des charges et protégés par le Prince contre les seigneurs propriétaires et ses fidèles aisés ou influents reçus et entendus dans les milieux dirigeants, l’Eglise orthodoxe ne prit pas seulement une forme particulière, propre à la Principauté, avec sa culture de langue nationale librement épanouie, mais s’intégra même dans le système politique du pays. Dans le même temps, elle put résister davantage aux efforts de l’Eglise réformée visant l’union ainsi qu’à ceux de Rome, déployés dans de nombreux pays. Au moment du changement de régime, les traditions transylvaines d’une politique religieuse tolérante étaient pleinement en vigueur. Par décision du gouvernement des Habsbourg, ce développement organique fut brutalement interrompu. Présidé par le chancelier Kinsky, le Conseil de Transylvanie à Vienne prit des mesures centrales pour refonder la structure confessionnelle de la Principauté. Il entendait faire valoir les intérêts de l’Empereur en soutenant les jésuites envoyés et surveillés 359par la Province d’Autriche d’une part, et de l’autre, en amenant à l’union la population roumaine pour la rattacher ainsi davantage au gouvernement de Vienne.
Après quelques pourparlers préliminaires, Léopold promit en 1692 dans une lettre patente qu’au cas où l’Eglise orthodoxe s’unirait à l’Eglise catholique romaine, il accorderait à son clergé les privilèges propres aux Ordres et les exempterait de l’impôt d’Etat. Les fondements dogmatiques de l’union une fois établis – qui signifiaient essentiellement la reconnaissance du pape comme pontife suprême –, l’évêque Théophile convoqua, en 1697, un synode pour déclarer sa volonté d’unir l’Eglise grecque confiée à son autorité avec l’Eglise catholique, à condition que ses ministres soient dotés de certains privilèges sociaux et économiques. En 1699, Léopold énonça par un décret impérial l’égalité de droits des grecs unis avec les catholiques romains (Ier Diplôme Léopoldien); en 1700, le nouvel évêque orthodoxe, Athanasie Anghel fit, devant le synode, une déclaration solennelle acceptant l’union ainsi que la protection de la maison de Habsbourg. Puis, après en avoir fait une profession de foi à Vienne, il fut investi, lors d’une grande cérémonie à Gyulafehérvár, comme évêque de l’Eglise catholique grecque. Ayant ainsi reçu sa consécration formelle, l’union fut confirmée par le décret publié par l’Empereur Lépold en 1701 (2e Diplôme Léopoldien) aux termes duquel les prêtres roumains étaient désormais affranchis de toute obligation servile et pourvus de privilèges nobiliaires; ils avaient accès aux écoles et aux bourses catholiques; l’archevêque d’Esztergom nommait auprès de l’évêque catholique grec un «auditor generalis». A long terme, l’union ouvrit de nouvelles perspectives au développement des Roumains de Transylvanie. Mais le changement brusque qu’impliquait cette v œuvre partiellement politique» n’était guère compris par les serfs roumains, et les commerçants et petits hobereaux protestaient en créant un Statut Grec Oriental. Alors, leur chef, Gábor Nagyszegi fut emprisonné par le général impérial.
Le gouvernement de Vienne prépara l’union, pour ainsi dire, au pas de course, parallèlement aux négociations de paix avec les Turcs. Lors des pourparlers, qui prirent une forme concrète en 1698, le médiateur anglais demanda d’inclure, dans le traité de paix, notamment l’indépendance de la Principauté et la liberté de culte des protestants. Or, la mention des droits des protestants transylvains, ayant perdu leur position majoritaire à la suite de l’union, ne fut pas admise dans le document de paix. Au début de 1699, la paix de Karlowitz mit un terme à la guerre turque de quinze ans en adjugeant la Transylvanie à l’Empire des Habsbourg et même en la rattachant directement à son gouvernement central.

 

 

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